Image à la une de l'article : gros plan sur le regard de l'héroïne Mao Mao

Les Carnets de l’Apothicaire ne commencent pas bien

minutes

Histoire d’attirer l’attention et toucher la thune imaginaire de Concursio, j’ai envie de casser du sucre sur une série qui doit bien plaire. J’ai lu la ferveur autour du manga et roman des Carnets de l’Apothicaire et j’ai été séduit par la bande-annonce qui promettait un joli degré technique et je ne fus pas déçu (enfin si) de découvrir que le premier épisode n’était vraiment pas fou.

J’ai un fautif en tête, à savoir le réalisateur, Norihiro Naguma qui n’avait pas rendu un fier service à The Ancient Magus Bride qui bénéficie des mêmes problèmes : visuel reconnaissable et des moments-clés qui accrochent la rétine mais une narration et un montage assez mauvais. Mais il faut dire que le manga d’Ancient Magus Bride, en dépit d’une hype similaire, avait déjà de sérieux problèmes de rythme (et quelques bails un peu toxiques le long du plot). Alors peut-être que Monsieur Naguma n’a pas de chances, mais il est à la charge du réalisateur en général d’arranger le rythme et le montage de sa production. Peut-être a-t-il les mains liés par le comité de production, mais le résultat est que l’adaptation des Carnets de l’Apothicaire ne semble pas parti non plus pour servir ou sublimer son support original.

Un défaut du premier chapitre, par exemple, est sa difficulté à intégrer le rapt et le passé de son héroïne, Mao Mao, avec sa situation actuelle de servante au palais impérial. L’idée de glisser une apothicaire instruite qui cherche à passer incognito parmi des servantes illettrées est amusante mais prend du temps à faire sens avec les maladresses de la narration. L’anime se permet même de faire pire en cherchant à introduire des personnages qui l’ont été plus tard dans le manga. Bonjour le père de Mao Mao et ses anciens collègues du quartier du plaisir mais vous paraissez un peu de trop dans cet épisode qui compte déjà trop de personnages. Il faut donc faire avec ce passé, le kidnapping qui se réduit à une image sans explication mais pleine d’implications mais aussi les nombreuses journées au palais qui ne s’enchainent pas forcément mieux.

Ajoutons à ça un twist inédit en fin d’épisode et le choix étrange de donner plus de présence à l’écran à Xiaolan, un personnage secondaire dotée d’une chouette doubleuse, Misaki Kuno, mais qui était beaucoup moins notable dans le manga. Le seul ajout bien apprécié, c’est un monologue de Gyokuyo, une des courtisanes du palais, après avoir découvert l’identité de Mao Mao. Malheureusement ce sont des minutes grappillées en plus dans un épisode qui n’allait pas spécialement vite.

Il faut noter que cet épisode est l’adaptation du premier chapitre avec des pages en moins. Un rythme inhabituel quand on s’est habitué ces dernières années à voir jusqu’à 1 tome condensé en 1 épisode. Cela n’aurait pas été l’idéal pour les Carnets de l’Apothicaire mais j’ai une grosse pensée pour le chapitre 2 qui me parait plus représentatif de l’ambiance général du manga tout en étant une meilleure introduction aux personnages.

Le manga fait passer énormément de temps dans les pensées de Mao Mao, incapable de vouloir autre chose que de travailler comme une apothicaire. C’est à la fois verbeux et très confortable. L’adaptation a surement choisi à juste titre de varier les points de vue et parfois à l’avantage de Jinshi, la deuxième tête d’affiche de la série et personnage aussi beau que sournois. Bien qu’encore une fois, l’adaptation ne s’y prenne pas si bien. On pense notamment à la pseudo-rencontre de Mao Mao et Jinshi qui, à l’aide d’une double page, est inscrite comme un moment important du chapitre et de l’intrigue pendant que l’anime ne parvient pas à transformer cette emphase. Ce n’est plus qu’une séquence parmi d’autres.

Sur le plan technique tout n’est pas réussi non plus. Les décors sont généralement fait en CG mais avec un soin assez sommaire : pas d’usures, pas de mousses et pas de variations dans les textures. Tous les murs et toutes les dalles se ressemblent au point de créer quelque chose de pesant à l’oeil, surtout devant l’aspect très géométrique des palais impériaux. A ce niveau Raven of the Inner Palace s’en sortait un peu mieux. On sent néanmoins que l’intention est bien bonne. Plusieurs fois dans l’épisode, la série joue de ces décors pour effectuer de jolis mouvements de “caméra” avec de très beaux jeux de lumières. La réussite est sûrement partagée par l’excellent charadesign de Yukiko Nakatani qui adapte joliment les personnages (en sublimant le côté nerdy et énervé de Mao Mao) aux décors de l’anime.

Enfin, je pourrais m’en tenir au fait que l’adaptation est trop proche du manga pour passer mon tour mais puisque j’essaie d’être insupportable, je pourrais même m’en prendre à Aoi Yuuki. Doubleuse favorite de beaucoup, on ne compte plus tous ses premiers rôles en 20 ans de carrière et là j’avoue que je sature un peu.

En fin de compte, ce qui est vraiment navrant, c’est que le sujet des Carnets de l’Apothicaire est palpitant et original. L’angle pharmacologique est abordé passionnément par son héroïne tout comme des problématiques souvent mises à l’écart : l’histoire des concubines traitées comme des objets de l’empereur, celle des courtisanes risquant leur vie pour être belles et les jeux de pouvoirs qui habitent la cour du palais. Les Carnets de l’Apothicaire n’est pas la pire production des environs, loin de là, mais il n’est pas le meilleur hommage possible à son manga (qui excelle). Entre la hype du trailer (qui était pré-animé) et le peu de présence à l’écran de ce genre de thématiques, on était en droit d’espérer le meilleur et c’est agaçant d’en être toujours à deux doigts.

Bibliographie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *