Les années s’accumulent sur le service de streaming d’Apple. Positionné comme un rival de HBO, la plateforme n’a pas autant d’additions que Netflix mais elles sont chacune sensées être plus qualitatives. Il aura donc fallu un certain temps avant de consolider un joli catalogue. A l’heure ou j’écris, le constat est déjà à pousser plus loin : les propositions sont légions et je tape ces mots autant pour vous encourager à y faire un tour que vous aider à faire un choix.
The Afterparty
Une série récemment terminée : les meurtres, c’est fun
2 saisons et 2 murder party : The Afterparty est à chaque saison la résolution d’un meurtre en milieu festif. Parmi les conviés, un criminel sera démasqué par une inspectrice jouée par une Tiffany Hadish dérangée. La méthode ? Inviter les suspects (tous extravagants) à dévoiler leur récit de la soirée raconté par le prisme d’un genre de cinéma. Et pendant que se succèdent les fenêtres fantastiques, romantiques, musicales et terrifiantes de chaque histoire, l’enquête progresse et dévoile son lot de rebondissements.
La série brille joliment pour sa satire et son humour pinçant tout en laissant la place pour les attachantes romances de diriger joliment le suspens de chaque enquête au sein d’une villa de starlette ou au cours d’un mariage dans un domaine fortuné.
Le talent à jongler d’enquêtes bien ficelées à des récits perchés qui ne lésinent ni sur les costumes ni sur les styles est sans doute attribuable à ses créateurs : Chris Miller et Phil Lord, qui sont définitivement immortalisés pour Spiderverse. On mentionnera d’ailleurs le compositeur de la trilogie (en devenir), Daniel Pemberton, qui les suit également pour donner de jolies ambiances et un chouette générique.
Shrinking
Une mini-série de 10 épisodes pour aller mieux
Tout le paradoxe de cette série réside dans son synopsis déprimant et angoissant quand chaque épisode est au contraire un appel à la joie de plus en plus prononcé. Survivre à la mort de sa femme n’a rien de facile, mener son travail et sauver ses amitiés non plus. Et c’est encore pire quand Jason Siegel incarne un psy à la ramasse plein d’idées non finies pour améliorer sa propre vie et celles de ses patients.
Vraiment, en dépit du thème, Shrinking est une véritable série doudou où tout un voisinage va de concert tenter d’aller mieux chacun à leur façon avec le lot de maladresses qui désespèrent autant qu’elles amusent. Réalisé par les auteurs de Scrubs (Bill Lawrence) et Ted Lasso (Brett Goldstein), l’humour est toujours bien dirigé pour rendre les progressions de chacun très convaincantes. La série est aussi le meilleur rôle de Harrisson Ford (pas de doute) en psychologue grognon et l’occasion d’adorer l’honnête patient Luke Jennie, la pétillante collègue Jessica Williams ou encore l’amical Michael Urie.
Spirited
Un film de noël plein de thunes
Si vous cherchez un film de noël qui restera gravé dans votre mémoire pour son histoire et ses musiques au même titre que Klaus, Spirited vous servira agréablement. La raison ? L’ambition des auteurs, à en croire les bonus disponibles sur la plateforme de créer un nouveau classique de noël entrainant et mémorable plutôt que de simplement reproduire un film de Noël. Un souhait qui se concrétise aussi dans la démesure de la production : les chansons impliquent des centaines de danseurs et chanteurs, des dizaines de décors somptueux et des sketchs somptueusement bien animés quand il s’agit de jeter Ryan Reynolds comme un vieux chewing-gum dans le décor.
L’autre atout, c’est Will Ferrel et sa sublime voix qui donne beaucoup de caractère aux différents chants de Noël. D’autant plus quand il partage le micro avec Octavia Spencer avec qui il entretient une amourette très convaincante le long du film.
Le film est une adaptation originale et réussie d’Un Chant de Noël de Charles Dickens qui promet la reconversion de Scrooge en bonne personne grâce à l’apparition de fantômes du passé, du présent et du futur. Ryan Reynolds fait figure de Scrooge moderne déconcertant et donnant un joli rythme au film et à ses prestations musicales. N’hésitez pas.
For All Mankind
Une série en cours : twists extraterrestres
Et si la Lune avait d’abord été foulée par les Russes ? For All Mankind imagine que ce point de divergence a donné lieu à une histoire très différente au point d’engranger des virages inattendus, précoces et violents sur la place de la femme, le cours de la guerre froide, la gueule des têtes présidentiables et les ambitions spatiales de la NASA.
Ce synopsis déjà bien chargé s’accompagne d’une série qui n’hésite pas à réaliser plusieurs bonds de dizaines d’années et d’embrasser un nombre de thèmes et de tons spectaculaire. Des moments poétiques dans l’espace, aux morts angoissantes à l’écran, jusqu’aux carrières et vies brûlées au nom d’une cause.
Uchronie certes, For All Mankind demeure un récit d’époque qui délivre toute la violence des familles régies par des orgueils masculinistes, les politiques militarisées, le racisme des institutions, l’absence horrifiante de questions queer et l’environnement ultra compétitif de la NASA. Inversement, l’avantage d’avoir un récit aussi étalé dans le temps, c’est qu’on ressent fortement chaque victoire : les expéditions spatiales, les montées en grade, les concours réussis, les innovations sociales et politiques. Rien que pour celles-ci, la série est sublime.
Lessons in Chemistry
Une mini-série terminée : physique et cuisine font bon ménage
Brie Larson joue le temps de 8 épisodes le rôle d’une scientifique qui devra réaliser une étrange réorientation en tant qu’animatrice télé d’une émission de cuisine dans les années 60. Un virage qui se traduit par 2 portraits. Celui de laboratoires conservatoires stressés par les subventions qui semblent au service d’un entresoi macho plutôt qu’à la science. Celui de studios télé tyrannisés par une hiérarchie phallocentrique incarné par un détestable Rainn Wilson en producteur tv.
C’est en même temps un belle ode au travail scientifique avec une rigueur plutôt rare tout en étant un excellent répertoire de plats cuisinés. Surtout, la série se tient comme un vrai étendard pour un propos militant. Entre Brie Larson et son amie jouée par Aja Naomi King les prises de parole engagées, les manifestations et les engueulades ne manquent pas.
Si la série surfe sur la nostalgie américaine trop souvent conciliante avec les horreurs de l’époque, c’est pour en être extrêmement bien critique. Un signe d’une série bien écrite, qui a de bonnes chances de marquer les esprits. Les thèmes ne manquent pas de la parentalité imposée à l’aménagement urbain mais si tout ça ne suffisait vous pourrez garder votre affection pour l’adorable chien Six-Thirty.
- Regarder sur Apple TV+
- Regarder la bande-annonce
- Wikipedia / IMDB
- Lire l’article de Gaeko sur Amanko : Let Her Cook !
À noter,
Produire moins mais mieux donne confiance. Contrairement aux séries qui s’accumulent dans mes listes Prime Video et Netflix pour le jour où je voudrais m’y tenter, j’ai tendance à enchainer celles sur TV+ avec l’assurance de passer à minima un moment sympathique. Apple s’est évidemment donné les moyens avec de nombreuses têtes d’affiches (Joel Kinnaman, Dave Franco ou Christa Miller ) et des productions soignées de bout en bout : de l’écriture à la cinématographie.
Néanmoins, c’est à contraster avec l’inexistence du service sur Android, des applications qui mélangent gratuit et location, films et séries sans clarté. Avec la hausse de prix récente de 6,99 € à 9,99 €, il y a de quoi grogner, même si ça s’accompagne d’une refonte à venir (sur Apple TV du moins) (l’appareil, pas le service) (enfin si le service aussi, du coup). Au moins, le catalogue a enfin de quoi vous occuper plusieurs mois et je n’ai pas fini d’en parler. En attendant, n’hésitez pas à faire part de votre avis. Bon visionnage.
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