Chroniques sur les Dangers de l’Hétérosexualité via 3 Animes Hivernaux

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Après un article au titre trompeur sur notre coup de coeur commun de la saison, 7th Time Loop, nous revoici pour aborder un sujet très sérieux. L’hétérosexualité s’immisce dans nos fictions et nous avons décidé d’en parler au travers de 4 séries qui ont eu notre approbation au cours de cet hiver 2024.

Article sponsorisé par #libérezlesjoseimuke.

Bucchigiri?!

Strangie

Quand je lis “Hiroko Utsumi à la réalisation”, je clique sur Play, que voulez-vous. Elle fait partie de ces réalisateurices qui sont entrain de se construire une place de choix dans le monde de l’animation japonaise sans pour autant perdre sa patte artistique. Je veux dire, qui peut se vanter d’avoir travaillé chez Kyoto Animation, Mappa et Bones en tant que réalisatrice en chef sur des animes qui ont plus que rencontré leur public ?

(Vous pouvez insérer un paragraphe où je peste sur l’absence de papiers/interviews sur sa carrière + un paragraphe où je peste sur les remarques à la con sur du queerbait dans son travail alors que c’est queercoded et/ou queer tout court comme dans le cas de Banana Fish + un moment où je dis “rohlala l’ambigüité n’implique pas nécessairement le queerbait” + “rohlala pourquoi vous êtes aussi casse-pieds quand ça concerne les relations entre personnages masculins, leurs liens sont forts, c’est beau c’est magnifique et pas besoin d’étiquettes, décidez pour vous-même” + un paragraphe où je vais inévitablement pester sur le total manque de respect envers les joseimuke en France + un dernier paragraphe où je dis “c’est quand que la saga Free est complétée en France bordel ?”)

Et donc, Bucchigiri?!, dernier délire en date de Hiroko Utsumi, mêle de manière amusante l’univers des Mille et Une Nuits, les guerres de gangs, la cuisine chinoise et les kebabs (oui, oui). Ce mélange n’empêche pas une certaine cohérence et un remarquable sens du détail dans le world-building du lieu où se situe l’action. Hiroko Utsumi a le don de nous offrir des concepts et des personnages qui sont assez (d’accord, très) décalés mais qui gardent toujours notre attention et nous impliquent émotionnellement.

Néanmoins, si j’ai trouvé mon compte dans les personnages de Bucchigiri?!, je ne suis pas vraiment attachée au protagoniste, Arajin – oui, c’est la prononciation japonaise d’Aladdin -, un adolescent un peu trop dirigé par ses hormones. Cela dit, il s’agit de mon impression personnelle et je ne vois pas particulièrement d’incohérence dans l’écriture de ce personnage. Il a juste besoin de grandir, comme tout adolescent. Par ailleurs, le cœur émotionnel de Bucchigiri?! semble se trouver chez un autre personnage important, Matakara. Sans trop en révéler sur les premiers épisodes, je dois avouer qu’il est difficile de rester insensible à ce dernier et à son sens de la justice. (Et à bien des égards, il me fait penser à Makoto Tachibana)

Dans l’ensemble, j’aime bien les personnages de la série et le mystère autour des génies m’intrigue beaucoup. L’anime vient de commencer mais je sens que beaucoup de rebondissements sont à venir.

Avec des personnages hauts en couleurs (mention spéciale à Marito, Matakara et Akutaro), de la bonne musique, de l’humour, une animation fluide et dynamique, et du lore, Bucchigiri?! est un must. C’est toujours un plaisir à regarder chaque semaine et j’ai hâte de voir où l’histoire nous mène !

Sengoku Youko

Poyjo

Débuté en 2008, voila enfin venir l’adaptation d’une des oeuvres cultes de Satoshi Mizukami. Attendue non seulement pour son étonnante histoire à travers les âges mais aussi parce qu’il promet de conjurer la malédiction mizukami. Après le correct Planet With et l’exécrable adaptation de Samidare, Sengoku Youko impressionne à de multiples égards. Pourtant c’est la même recette habituel d’un Mizukami : reprendre des poncifs du shonen avec un style bien à lui et les twister au fur et à mesure du récit.

L’histoire de Sengoku Youko commence donc comme une rencontre entre un jeune épéiste, Shinsuke et un duo bon à la castagne composé d’un humain et d’une monstre. On est là pour la bagarre, des histoires d’adversité, de rivalité, de courage et d’amour mais petit à petit l’intrigue déplace les enjeux, parle de famille, déplace la temporalité et se permet quelques questionnements pas détonnant. Progressivement de jolies romances vont apparaitre, hélas toutes hétérosexuelles. Scandaleux. Les premiers épisodes s’emmêlent un peu à retranscrire le rythme de l’introduction qui est un peu datée dans son écriture mais on perçoit déjà les trames qui vont transformer le récit en grande épopée.

Pour être rassurant et même s’emballer, toute la production à de quoi faire sourire. En commençant par les grands noms du doublage, je ne boude pas mon plaisir en entendant Tomoyo Kurosawa sur Shakugan ou Ryouhei Kimura sur Shinsuke. Cette introduction livre déjà de beaux combats avec la musique de l’incroyable Evan Call et une belle transcription du style brutal et gras de Satoshi Mizukami.

Enfin, et c’est toujours assez rare à souligner, on nous promet une adaptation intégrale du manga en 37 épisodes. De la part de White Fox qui s’était fait très discret depuis Re;Zero, il y a de quoi être impatient pour cette série qui ne manque pas d’envergure et de têtes d’affiches.

Scène nocturne avec du bullying – Sakugabooru

Les cringes amoureux saison 2

Gaeko

J’ai une étrange sympathie pour le duo de cringes au centre de la romance de The Dangers in my Heart. Parce qu’ils sont sacrement gênants ces deux idiots. Mais je les aime pour ça. La série parvient brillamment à encapsuler toute la maladresse puérile mais aussi les angoisses inhérentes à cette période de la vie. Les doutes sur l’avenir, la peur de grandir, la difficulté de s’ouvrir aux autres… Norio Sakurai, la mangaka, n’est pas allée chercher bien loin pour ses thématiques, mais elle parvient à les raconter dans cet étrange mélange de malaise attachant si maitrisé. Enfin, disons plutôt qu’elle a pu le peaufiner au fil du temps, les débuts de la série étant plus inégaux sur ce point (notamment un peu facilement too much dans les sous-entendus sexuels).

Mais c’est définitivement du passé. Dans le manga cela représente guère un tome et demi, et entre 4 à 6 épisodes de la saison 1. Pour cette suite, on ne garde donc que le meilleur, pour un résultat qui régal. La relation principale continue de se développer avec toujours plus d’instants doux, de confidences et d’intimités attachantes. La réalisation de Hiroaki Akagi (déjà réalisateur pour les Teasing Master Takagi-san) continue d’impressionner tout en prenant le soin d’atténuer les derniers rares excès graveleux de l’œuvre. C’est toujours merveilleusement rythmé dans sa comédie mais surtout dans sa manière de faire l’emphase des moments importants. Ces instants où tout semble aller au ralenti et proposant un pas de plus pour nos héros. On apprécie également la hausse du ton de l’animation, déjà très propre sur le premier court mais là sublimée par des instants de character acting absolument brillants. La bande originale de Kensuke Ushio termine de sublimer cette suite en étant toujours aussi absurdement belle. Je ne comprends toujours pas ce qu’il fait sur ce projet : les seuls titres du genre qu’il a fait avant sont Liz and the Blue Bird et A Silent Voice, deux tranches de vies qui ne sont clairement pas dans le même ton. Je ne comprends donc pas, mais j’apprécie toujours autant d’entendre ses douces compositions joliment discrètes et magnifiques dans les instants-clés. Merci à tout ce staff merveilleux de nous proposer une si belle romance, j’aime les amoureux gênants et ici c’est caviar.


C’est un drame. Qu’allons-nous faire face aux dangers de cette hétérosexualité ? Depuis des temps immémoriaux, elle sévit bruyamment. A Concursio, nous avons refusé de nous taire et nous continuerons d’écrire. La censure ne nous aura pas. Heureusement que les séries dont nous parlons ici sont généralement bien avec une once de coups de coeur à recommander bien chaudement (malgré ce défaut rédhibitoire, berk). Bref, prochainement, un article sur le couple SumiKeke dans Love Live .

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